Nous entrons au Laos par la route et arrivons dans la petite ville de Paksé en milieu de journée. Depuis la gare de bus jusqu’au centre, nous partageons un tuk-tuk avec d’autres voyageurs. Nous faisons ainsi la connaissance de Sven, Élodie et la petite Mila, une famille belge qui voyage en Asie depuis plusieurs mois.
Paksé est le point de départ pour découvrir le Plateau des Bolovens. En scooter, il y a le choix entre la petite et la grande boucle qui permettent d’aller voir les nombreuses cascades réparties dans la région. Comme nos nouveaux amis belges ont aussi prévu de faire la boucle, nous allons réserver nos scooters pour pouvoir partir ensemble le lendemain. Nous avons droit à un briefing assez complet de notre loueur, belge lui aussi, sur les itinéraires et les choses à voir sur le plateau. Nous optons pour la petite boucle qui peut se faire en trois jours.
Étape 1 : Paksé - Tad Lo
Le lendemain matin nous retrouvons Sven, Élodie et Mila pour prendre la route. Le ciel est tout gris, on croise les doigts pour ne pas avoir de la pluie. Nous commençons à rouler et au bout d’une trentaine de kilomètres nous arrivons à une première cascade : Tad Champee. Après une courte marche dans la forêt, nous arrivons devant la petite cascade, sous le soleil qui apparaît doucement. En retournant à nos scooters, nous passons par un petit village ethnique ouvert aux visites.
Nous reprenons la route et roulons encore une vingtaine de kilomètres, la pluie commence à tomber, pas de chance. Mais on se réconforte avec les grands sourires des enfants qui nous voient passer. Nous arrivons sans trop tarder à la Katu Homestay. Ici, on peut déjeuner et assister à la visite guidée des plantations de café de M. Vieng. Sur place, nous sommes rejoints par d’autres Français que nous avions croisé chez le loueur de scooters la veille. Nous faisons donc la visite tous ensemble.
Nous en apprenons beaucoup sur les variétés de café produites dans la région (Robusta, Arabica et Liberica), sur les méthodes de récolte et de séchage. Pendant la visite, M. Vieng tient à nous faire goûter des grosses fourmis rouges. Étonnamment, ça a un bon goût citronné. Ici, on les utilise beaucoup pour faire des sauces et pour aromatiser les plats. Il nous fait aussi goûter des fruits et des piments (pour les plus courageux) qu’il fait pousser sur ses terrains. Après cette visite intéressante nous déjeunons tous ensemble, entre francophones ! Bien sûr, après le déjeuner, c’est l’heure de goûter au café, qui fait l’unanimité.
Après cette longue pause, nous reprenons la route en direction de Tad Lo, qui se trouve à 30 kilomètres d’ici. Nous arrivons en milieu d’après-midi sur place et allons nous installer dans une petite guesthouse au bord de l’eau. C’est très rustique, mais la vue sur la cascade depuis les petits bungalows nous plaît bien. Sven et Élodie optent pour une guesthouse un peu plus loin pour plus de confort. Le soir, nous les rejoignons à leur guesthouse, car la gérante organise un dîner collectif. Nous y retrouvons le même groupe qu’à la visite de M. Vieng et rencontrons aussi Dominique, une Nantaise très sympa qui voyage en solo. Pour la préparation du dîner, tout le monde doit mettre la main à la pâte. C’est très convivial et ça permet de rencontrer du monde. On est surpris parce qu'il n’y a quasiment que des Français avec nous. Après ce très bon et très copieux repas, nous allons nous coucher.
Le lendemain matin, comme il ne fait pas très beau, nous décidons de ne pas faire de route aujourd’hui. Du coup, nous changeons de guesthouse pour nous joindre au groupe. Vu qu’il pleut nous ne sortons qu’en milieu d’après-midi quand le ciel s’éclaircit un peu. Nous en profitons pour aller faire un tour et voir la cascade d’un peu plus près. Elle est plus belle et plus puissante que celle d’hier. Nous rejoignons ensuite Sven Élodie à un endroit où on peut voir les éléphants prendre leur bain dans la rivière. Mais apparemment, pour aujourd’hui c’est raté et en plus, il recommence à pleuvoir. Tant pis ! Le soir, nous avons de nouveau droit à un dîner collectif avec toutes les personnes de la guesthouse. Comme la veille tout le monde doit participer à la préparation du dîner. Avec Dominique, on nous désigne préposées à la préparation des rouleaux de printemps. Ce soir encore, on s’est vraiment régalés.
Étape 2 : Tad Lo - Tad Fane
Le jour suivant nous reprenons la route. Nous partons en même temps que le groupe de Français avec qui on avait fait la visite des plantations de café. Nous roulons une vingtaine de kilomètres avant de nous arrêter, d’après les conseils de notre loueur de scooters, dans le village d’un certain M. Hook. Il s’agit d’un petit village où vit une ethnie animiste (qui croit aux âmes et aux esprits qui animent tout être et tout élément). Ce monsieur Hook, contrairement aux habitants du village, a vécu un temps dans les grandes villes et parle donc très bien anglais. C’est pourquoi il a décidé de mettre cet atout à profit en faisant des visites payantes pour faire découvrir ses plantations de café, les coutumes et le fonctionnement du village.
Pendant la visite, il nous parle longuement du mode de vie de son ethnie et nous explique la hiérarchie, les rituels, les croyances du village. On est un peu abasourdi quand il nous dit qu’ici, on pense encore que la terre est plate, ou que les enfants commencent à fumer le bong dès 3 ans, c’est sûr qu’il y a un gros décalage avec le reste du monde. Bon après, ils ont quand même tous des smartphones... Ça, c’est quelque chose qui nous aura marqué pendant le voyage, le fait de voir que même au fin fond des villages les plus reculés, aujourd’hui tout le monde est connecté.
Après deux bonnes heures à faire le tour du petit village et des plantations, c’est encore l’heure de goûter au café. Ici, on le sert dans un morceau de bambou qui fait office de filtre. M. Hook nous propose aussi le bong, mais on passe notre tour sur ce coup-là.
Nous disons au revoir au reste du groupe qui prend un autre itinéraire pour faire la grande boucle et reprenons la route, mais à peine quelques minutes plus tard, il commence à pleuvoir très fort. Nous allons nous abriter à l’entrée d’une petite maison traditionnelle en attendant que ça passe parce que c’est impossible de rouler comme ça. Au bout d’une quarantaine de minutes, la pluie se calme enfin. Pas trop le temps de traîner, nous filons vers la ville de Paksong qui se trouve à environ 40 kilomètres d’ici. Sur cette portion de route, nous avons une belle vue sur le plateau. On a plein de parfums qui émanent de la végétation tout autour, c’est très agréable.
Nous arrivons ensuite à Paksong, nous voulions passer la nuit là-bas, mais la ville ne fait pas très envie et il n’y a pas l’air d’y avoir beaucoup de logements. Nous continuons donc notre route pour rejoindre Sven et Élodie qui se sont installés dans une guesthouse plus loin. Après avoir fait un court arrêt à un lodge sur la route pour manger un peu, nous roulons les derniers kilomètres jusqu’à l’hôtel de Tad Fane et arrivons à la tombée de la nuit. Nous sommes bien contents d’arriver parce que nous sommes trempés jusqu’aux os ! Nous retrouvons Sven, Élodie et Dominique qui est là aussi. Fatigués par la route, on ne tarde pas à aller se coucher, pensant qu’on va passer une bonne nuit. Ça c’était avant qu’on entende les rats qui se font les dents sur le bois de notre bungalow...
Étape 3 : Tad Fane - Paksé
Le lendemain matin nous avons droit à un grand soleil qui dévoile la magnifique cascade de Tad Fane sur laquelle on a un parfait point de vue depuis l’hôtel. Elle fait environ 120 mètres de hauteur, c’est très impressionnant. Après avoir pris un petit-déjeuner avec Sven, Élodie et Dominique, c’est l’heure du grand frisson. Sven et Seb vont faire un parcours de tyroliennes qui font le tour de la cascade, d’abord en passant au-dessus du vide puis au-dessus de la forêt. Une fois équipés, ils se lancent l’un après l’autre au-dessus du vide, Élodie et moi sommes clairement plus angoissées qu’eux ! On les suit du regard pendant leur parcours. Ils reviennent au bout d’une vingtaine de minutes, ravis de ces sensations fortes dans un cadre pareil.
Nous quittons tous l’hôtel et repartons sur la route. Nous revenons quelques kilomètres en arrière pour aller voir la cascade de Tad Yuang. Le site est très joli, on peut marcher sur les hauteurs de la cascade où des aires sont aménagées pour déjeuner, et même se baigner. En cette période le niveau d’eau est trop haut donc pas de baignade. Nous descendons des marches (plus que glissantes) pour arriver aux points de vue en contrebas de la cascade. Et là, c’est la douche pour tout le monde. La cascade fait office de brumisateur géant et en quelques secondes à peine on est trempés. En tout cas, elle est très jolie et l’ambiance devient très spirituelle quand un groupe de moines vient prier devant elle.
Nous repartons tous ensemble de retour vers Paksé, à 40 kilomètres d’ici. Sur la route, la pluie recommence à tomber. Décidément, le soleil aura été bien timide ces derniers jours. Nous arrivons tout de même à rentrer sans glissade heureusement. Après 4 jours sur la route entre la pluie et la poussière, une bonne séance de décrassage s’impose ! Le soir, nous dînons avec Dominique avant qu’elle ne parte en bus de nuit vers une autre ville. Nous avons prévu de nous retrouver au nord du pays dans quelques jours.
Héritage Khmer à Champassak
Après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons notre scooter pour aller visiter la petite ville de Champassak. Aujourd’hui, on a de la chance : grand ciel bleu au programme. Nous passons sur l’autre rive du Mékong et roulons une trentaine de kilomètres vers le sud. La route est très belle, il y a des superbes champs de riz aux pieds des montagnes. Une fois dans la ville, nous rejoignons Sven et Élodie qui ont passé la nuit ici. Nous déjeunons tous ensemble dans leur joli hôtel au bord du Mékong.
En début d’après-midi, nous partons visiter le site archéologique de Champassak : les ruines du temple pré-Angkorien Vat Phou. Ce patrimoine khmer, datant du XIe siècle, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Au pied de la montagne, on retrouve des ruines du temple, avec le même style architectural qu’à Angkor. Les ruines en soi ne sont pas exceptionnelles, mais c’est vraiment le cadre qui rend cet endroit si beau.
Nous accédons ensuite à la partie haute du site en passant par des marches bordées de frangipaniers. Leur parfum rend le site encore plus incroyable. En haut, il y a d’autres ruines. On trouve aussi des sculptures taillées dans la roche représentant des symboles bouddhistes. Mais c’est surtout la vue qui vaut le détour. On a un beau panorama sur toute la vallée, et avec un temps pareil que demander de plus ? On a un vrai coup de cœur pour ce site.